Méthode de l'Analyse du Cycle de Vie
Les données AGRIBALYSE® sont fondées sur la méthode de l'Analyse du Cycle de Vie (ACV). Pour comprendre les données, il convient de connaître les principes fondamentaux de l'ACV.
Dernière mise à jour
Les données AGRIBALYSE® sont fondées sur la méthode de l'Analyse du Cycle de Vie (ACV). Pour comprendre les données, il convient de connaître les principes fondamentaux de l'ACV.
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La méthode de l’Analyse du Cycle de Vie est une méthode reconnue et utilisée à l’échelle internationale par la communauté scientifique, les acteurs privés et les pouvoirs politiques. Elle est encadrée par la norme ISO 14044. Elle est recommandée en particulier car c’est la seule méthodologie d’évaluation environnementale normée, multicritères, multi-étapes, applicables à l’ensemble des secteurs économiques.
La méthodologie de l’ACV est donc incontournable pour l’évaluation des produits alimentaires, mais ne prétend pas couvrir toutes les dimensions et toute la complexité des systèmes alimentaires.
L'ACV est une méthode de quantification des impacts d’un produit sur l’environnement tout au long de son cycle de vie (ex : agriculture, transport, emballage etc.). En plus d'être une méthode prenant en compte toutes les étapes du cycle de vie d'un produit, cette méthode prend en compte plusieurs grands enjeux environnementaux (changement climatique, qualité de l’eau, qualité de l’air, impact sur les sols…) et pas seulement le climat.
A chaque étape de la chaîne, des bilans de matières, d’énergie et d’émissions de polluants sont réalisés et agrégés sous forme la forme d’un jeu d’indicateurs environnementaux : 16 indicateurs sont fournis pour chaque produit. Il s’agit des indicateurs préconisés par la Commission Européenne (projet Product Environmental Footprint, voir tableau ci-dessous).
Indicateur d'impact
Détails
Unité
Changement climatique
Indicateur le plus connu, correspond à la modification du climat, affectant l'écosystème global.
kg CO2 eq
Particules fines
Les particules fines pénètrent dans les organismes, notamment via les poumons. Elles ont un effet sur la santé humaine.
disease incidence
Épuisement des ressources en eau
Correspond à la consommation d'eau et son épuisement dans certaines régions. Cette catégorie tient compte de la rareté (cela a plus d’impact de consommer un litre d'eau au Maroc qu'en Bretagne).
m3 world eq
Épuisement des ressources énergétiques
Correspond à l'épuisement des ressources énergétiques non renouvelables : charbon, gaz, pétrole, uranium, etc.
MJ
Usage des terres
Les terres sont une ressource finie, qui se partage entre milieux "naturels" (foret), productifs (agricultures) et urbains. L'usage des terres et les habitats déterminent dans une large mesure la biodiversité. Cette catégorie reflète donc l'impact d'une activité sur la dégradation des terres, en référence à « l'état naturel ».
point
Épuisement des ressources - minéraux
Correspond à l'épuisement des ressources minérales non renouvelables : cuivre, potasse, terres rares, sable, etc.
kg Sb eq
Appauvrissement de la couche d’ozone
La couche d'ozone est située en haute altitude dans l'atmosphère, elle protège des rayons ultra-violets solaires. Son appauvrissement augmente l’exposition de l'ensemble des êtres vivants à ces radiations négatives (cancérigènes en particulier).
kg CFC-11 eq
Acidification
Résulte d'émissions chimiques dans l'atmosphère qui se redéposent dans les écosystèmes. Cette problématique est connue en particulier via le phénomène des pluies acides.
mol H+ eq
Radiation ionisante, effet sur la santé
Correspond aux effets de la radioactivité. Cet impact correspond aux déchets radioactifs résultants de la production de l'électricité nucléaire.
kBq U235 eq
Formation photochimique d’ozone
Correspond à une dégradation de la qualité de l'air, principalement via la formation de brouillard de basse altitude nommé "smog". Il a des conséquences néfastes sur la santé.
kg NMVOC eq
Eutrophisation, terrestre
Comme dans l'eau, l'eutrophisation terrestre correspond à un enrichissement excessif du milieu, en azote en particulier, conduisant a un déséquilibre et un appauvrissement de l'écosystème. Ceci concerne principalement les sols agricoles.
mol N eq
Eutrophisation, marine
Correspond à un enrichissement excessif des milieux naturels en nutriments, ce qui conduit à une prolifération et une asphyxie (zone morte). C'est ce phénomène qui est à l'origine des algues vertes.
kg N eq
Eutrophisation, eau douce
Correspond à un enrichissement excessif des milieux naturels en nutriments, ce qui conduit à une prolifération et une asphyxie (zone morte). C'est ce phénomène qui est à l'origine des algues vertes. On peut le retrouver en rivière et en lac également.
kg P eq
Ecotoxicité d'eau douce,
Indicateurs de toxicité via la contamination de l'environnement. Ces indicateurs sont encore peu robustes actuellement. Difficiles à interpréter, ils sont uniquement disponibles dans les logiciels ACV et pas dans le fichier excel.
CTUe
Effets toxicologiques sur la santé humaine : substances non-cancérogènes et
substances cancérogènes (2 indicateurs séparés)
Impact sur la santé lié à l’exposition de la population générale aux contaminants chimiques via les pollutions du milieu (air, eau, sol). Ces contaminants émis dans l’environnement sont notamment des pesticides, des métaux lourds ou encore des polluants industriels. L’exposition par ingestion directe d’un aliment contenant des résidus de pesticides n’est pour l’instant pas intégrée dans les calculs d’Analyse du Cycle de Vie.
CTUh
Vous trouverez en complément le document "officiel" de description des indicateurs EF (en anglais) fournit par le JRC.
Un score unique est également proposé : il s’agit du « single score EF » préconisé par la Commission Européenne , calculé avec des facteurs de pondération pour chacun des indicateurs ; la pondération prend à la fois en compte la robustesse relative de chacun de ces indicateurs et les enjeux environnementaux.
Tableau des pondérations du single score EF3
Le score unique peut être considéré sans unité. Le « Eco-indicateur Point » (Pt) est néanmoins en général utilisé, avec sa déclinaison en milli-point (mPt ; 500 mPt = 0,5 Pt). L’échelle est choisie de manière à ce que 1 Pt soit représentatif de l’impact environnemental annuel d'un habitants européens (1 habitant pour 1 Pt). La valeur absolue n’est pas pertinente en tant que telle, l’intérêt est la comparaison entre produit.
Pour en savoir plus sur le « single score EF », se référer à la documentation de la Commission Européenne, et ce rapport en particulier (p.105)
La Commission Européenne a établi un classement des indicateurs, basé sur la robustesse et le niveau de consensus scientifique des indicateurs.
Qualité des données
Une note de qualité - le Data Quality Ratio (DQR) - de 1, très bon, à 5, très mauvais - est associée à chaque produit agricole et alimentaire pour lequel Agribalyse fournit des inventaires de cycle de vie et des indicateurs d’impacts. La Commission Européenne recommande de la prudence dans l’utilisation des données avec des DQR supérieurs à 3. Dans la base de données AGRIBALYSE, 67 % des données ont un DQR jugé bon ou très bon (1 à 3).
Le cadre actuel de l’ACV fournit des éléments structurants et utiles pour éclairer le volet environnemental de la durabilité des systèmes agricoles et alimentaires. Cependant, ce cadre doit encore consolidé et amélioré pour mieux couvrir l’ensemble des enjeux environnementaux du secteur. En effet, les indicateurs usuels de l’ACV ne rendent pas compte aujourd'hui de tous les impacts environnementaux potentiels et pour certains impacts la modélisation doit être améliorée. Parmi les principaux enjeux pour le secteur alimentaire, les limites et besoins d’évolution des indicateurs ACV et d’Agribalyse portent en particulier sur :
Une meilleure représentation de l’ensemble des pressions et des pratiques favorables à la biodiversité
Une meilleure description des processus de transformation et l’utilisation des co-produits dans les industries agro-alimentaires
La spatialisation de certaines catégories d’impacts
Le couplage des indicateurs d’impact avec des indicateurs sur les services éco-systémiques.
À court terme, cela signifie que quand on utilise l’ACV pour comparer les impacts environnementaux de différents systèmes de production (agriculture biologique versus agriculture conventionnelle, élevage intensif/extensif etc.) et de transformation, ces limites doivent être soulignées explicitement. Aussi il peut etre intéressant d’utiliser des indicateurs complémentaires, à définir en fonction du contexte et de l’échelle de travail. Ces indicateurs complémentaires peuvent être par exemple; les Surfaces d’Intérêt Ecologique pour la biodiversité, des indicateurs de bien-être animal ou encore des indicateurs socio-économiques. Par ailleurs, différentes unités fonctionnelles peuvent être mobilisées (kg, ha, calorie, € de revenu…) en fonction des finalités de comparaison d’aliments entre eux.
Des travaux d’améliorations du cadre ACV sont en cours aux niveaux international, européen et français (via le GIS Revalim notament). Leurs résultats seront intégrés progressivement dans Agribalyse à l’avenir. Ils permettront de consolider les analyses environnementales pour fournir une image plus complète des interactions de l’alimentation avec l’environnement.